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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/241

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« Alors Nenaboju demanda au castor de plonger à son tour ; et quand l’industrieux amphibie revint sur l’eau, il avait perdu connaissance, comme le rat musqué ; mais il tenait un peu de terre dans ses pattes.

« Nenaboju prit cette terre et souffla dessus. Alors cette poignée de terre se mit à grandir, et devint une île très étendue ; et le souffle mystérieux continua de la dilater jusqu’à ce qu’elle fût aussi vaste qu’un continent.

« Alors Nenaboju mit un loup hors de la loge, et lui dit de faire le tour de la terre et de constater si elle était assez grande.

« Après une absence plus ou moins prolongée, il fit rapport que la terre était encore trop petite. Nenaboju continua donc de souffler sur elle, et quand le loup fut renvoyé en exploration il ne revint pas.

« Alors Nenaboju ouvrit la loge, et en fit sortir tous les animaux. »

Il y a là comme on voit une histoire à peine altérée du déluge ; mais en même temps le souffle de Nenaboju semble être une simple variante du Souffle de Dieu créant l’homme — ou de l’Esprit de Dieu, flottant sur les eaux, dans les jours de la création.

Le R. P. Petitot, ancien missionnaire du Nord-Ouest, a raconté la même histoire dans son livre des Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest. Les variantes sont légères.