Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homme s’appelle Kunian — Le Sensé — et c’est un grand radeau qu’il a construit pour sauver de l’inondation sa femme, son fils, et des couples de tous les animaux. Les plongeurs employés pour ramasser un peu de terre au fond de la mer sont le rat musqué et le castor ; mais c’est un renard, et non un loup, que Kunian envoie explorer la terre.

Cet actif quadrupède fait sept fois le tour de la terre, et ce n’est qu’après le septième tour qu’il fait rapport que la terre est complète.

Les sauvages du Grand Lac de l’Ours ont une autre version dont le début est plus original.

C’est un vieillard qui a chassé ses deux enfants de sa présence, et qui habite un détroit unissant deux mers, vers le Nord, (évidemment le détroit de Behring). L’abîme gronde, une pluie torrentielle tombe et l’eau des mers envahit la terre.

« Le vieillard se tient debout sur le détroit, une jambe posée sur l’une et l’autre rive, et repêche avec ses larges mains les animaux qu’il replace sur la terre-ferme. »

Mais l’eau montant toujours, il fait faire un radeau, et il y place un couple de chaque espèce d’animaux.

Après des plongeons infructueux de la loutre et du castor, c’est le rat musqué qui rapporte un peu de terre. Sous le souffle du Vieillard, la poignée de terre grandit et devient un monde dont le corbeau va mesurer l’étendue.