Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/248

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prennent, et ils lui offrent des sacrifices, même sanglants, comme nous le verrons en décrivant la fête du Soleil.

La morale des sauvages des Territoires est simple, et ne contient guère que trois préceptes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas se mettre en colère.

Du reste, le sauvage porte un peu sa morale, comme il porte sa couverte de laine. Il ne s’en fait pas un vêtement ajusté. Mais il s’en couvre en gros, et le moindre vent qui la soulève découvre sa nudité.

Ah ! je voudrais voir ici tous les savants positivistes, et tous les moralistes sans Dieu, et leur faire étudier sur place l’homme-nature. C’est ici qu’ils comprendraient tout ce qu’il y a de creux dans leur thèse que l’homme se perfectionne et progresse naturellement, à la seule lumière de sa raison.

Ils verraient ici des hommes superbes, au physique, des types comme on en voit peu parmi les hommes civilisés, des têtes pleines de noblesse et de fierté, des yeux flamboyants qui semblent refléter un génie intérieur, des membres bien proportionnés et mus par des muscles que n’avaient pas les plus fameux athlètes de l’antiquité.

Ils pourraient se convaincre en même temps que ces hommes sont très intelligents : qu’ils raisonnent parfaitement, et ne sont pas dépourvus de finesse ; que leurs enfants, confiés aux missionnaires, apprennent très bien à lire, écrire, et parler l’anglais et le français.