Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/275

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Il y a l’enthousiaste de convention, qui n’a malheureusement qu’une seule épithète dans son répertoire admiratif. J’ai connu, des Anglais qui trouvaient tout beautiful ou nice, la forêt, la prairie, la montagne, la verdure, la rivière, la chute, le rocher, le torrent, etc., etc. J’ai entendu un Canadien raconter ses impressions de voyage : il avait trouvé tout superbe.

Il y en a qui ressemblent au jeune Cléon du Misanthrope qui donnait des dîners somptueux, mais qui figurait lui-même trop souvent au milieu des mets recherchés du menu — ce qui faisait dire à Célimène :

« C’est un fort méchant plat que sa sotte personne,
Et qui gâte à mon goût tous les repas qu’il donne ! »

De même, il y a des voyageurs qui parlent toujours d’eux-mêmes ; et, naturellement, ce n’est pas pour se calomnier. Cela finit par être très ennuyeux.

Il y a la mère de famille qui traîne avec elle deux ou trois bébés criards. Elle retient généralement le state-room dans le char-palais ; elle s’y renferme pour avoir la paix, et elle envoie la bonne et les bébés donner aux autres voyageurs le plaisir de leur bruyante compagnie.

Il y a l’homme galant, très commode pour les femmes qui voyagent seules. Il dépasse généralement la cinquantaine, et se croit encore irrésistible. Il descend à chaque gare importante pour accompagner quelqu’une des aimables connaissances qu’il a faites à bord du train, et