Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/286

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Mais il en est tout autrement dans la vie surnaturelle. Plus l’âme s’élève, et moins elle ressent les influences terrestres, et plus elle se vivifie.

La neige immaculée qui couronne les cimes est l’emblème de la pureté de ceux qui ont atteint les hauteurs de la vie spirituelle. Vainement les végétations terrestres, les passions, les convoitises, toutes les productions de la nature mauvaise s’échelonnent autour de ces hauteurs et tentent de les gravir. Elles n’arrivent pas au sommet.

La voie monte sensiblement et notre course se ralentit.

Déjà nous avons dépassé les têtes des pins et des cèdres, et nous apercevons bien au fond de la ravine la rivière du Castor qui prend les proportions d’un ruban déroulant ses replis au fond d’un abîme.

Et nous montons toujours, cent seize pieds au mille ! Des torrents se précipitent des montagnes et nous barrent la route ; mais nous les traversons sur des viaducs en fer, qui forment d’immenses cônes en treillis, renversés, c’est-à-dire dont la base est en haut et la pointe au fond du précipice.

Nous avons deux locomotives puissantes attachées à notre convoi, l’une qui tire en avant et l’autre qui pousse par derrière.

Le fond de la ravine s’élargit, et notre Castor y décrit des méandres gracieux au milieu des mousses jaunâtres