Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/287

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et des bouquets d’arbres. Mais les bouquets d’arbres gigantesques ressemblent à des touffes d’asperges, et bientôt la rivière Castor prend l’aspect d’un simple filet d’eau arrosant une suite de parterres.

C’est que nous la regardons d’une hauteur de près de mille pieds. Et cependant nous n’avons pas fini de monter.

Mais comme le Castor s’attarde trop au fond du ravin devenu une vallée riante, nous lui tournons le dos, et nous nous élançons à la suite de l’Ours (Bear Creek) au milieu d’un chaos de montagnes. L’Ours étant un quadrupède grimpant de grande force, nous nous attachons à ses pas.

Mais ici, il ne s’agit plus seulement de trouver un sentier, et d’en aplanir les rugosités ; il faut protéger nos têtes contre les avalanches de neige, de glace et de pierres !

Et c’est pourquoi notre convoi se glisse en mugissant sous une série de remises gigantesques, aux charpentes énormes, capables de résister à des éboulis de rochers ; et il le faut bien, car des éboulements de roches ne sont pas rares en cet endroit.

Il y a quatorze ou quinze de ces remises massives et très longues ; et pour les protéger elles-mêmes, il a fallu construire sur les flancs des monts des brise-avalanches, dans le genre des brise-lames et des brise-glaces qui protègent les piliers des ponts dans nos rivières.