Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/32

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nous rencontrons encore quelques stations où la colonisation commence à s’implanter — entre autres Cartier, Biscotasing et Chapleau.

La nuit est venue lorsque nous faisons halte à cette dernière ; mais j’y suis passé de jour en 1891, et j’ai pu constater qu’il y a ici beaucoup de mouvement et d’activité.

Chapleau est déjà un grand village, agréablement situé aux bords du lac Kinogama, et deviendra bientôt une ville florissante.

Une première journée en chemin de fer est toujours fatiguante, et je trouve mon lit si bon que je m’y suis endormi instantanément ; et quand je me suis levé, le 18 mai, il n’était pas loin de 8 heures.

Tout en dormant nous avons fait une course de trois cents milles ; et si nous ne regardons qu’à droite, nous n’avons pas changé d’horizon. C’est toujours la solitude, la nature sauvage, un entassement de rochers, des arbres rabougris sur des sommets ravagés par le feu, des montagnes tantôt boisées et tantôt nues, entrecoupées de petits lacs et de torrents.

Mais si nous jetons les regards à gauche, l’aspect est tout autre, et le contraste tire l’œil.

Ce sont de larges échappées de vue sur une véritable mer intérieure, des promontoires escarpés, des îles boisées en forme de cônes, de pyramides et de châteaux-forts. Ce sont des baies ravissantes où des flots clairs