Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

féconds publicistes de ce temps-là, a fait de cet événement une narration que M. Masson reproduit dans le second volume de son ouvrage. Elle est sans doute un peu chargée, et trahit l’animosité de l’auteur contre la Compagnie de la Baie d’Hudson ; mais les faits principaux en sont vrais, et l’on ne peut imaginer, sans l’avoir lue combien cette histoire est lamentable. Fait prisonnier par M. Williams, alors gouverneur d’Assiniboia, il avait été envoyé à York-Factory, et il y était détenu. Mais il réussit à s’évader, avec deux voyageurs — Turcotte et Lépine — et ils marchèrent pendant deux mois dans la direction d’un poste de la Compagnie du Nord-Ouest.

Après avoir enduré des fatigues et des misères inénarrables, après s’être nourri pendant plusieurs jours de peau d’orignal et de cette mousse qu’on appelle tripe de roche, ils étaient parvenus à deux jours de marche d’un établissement de la Compagnie, au bord du lac Bourbon, ou des Cèdres ; mais Frobisher ne put aller plus loin, et ses deux compagnons l’y abandonnèrent, à sa demande, pour aller chercher du secours au Fort.

Ils le quittèrent le 20 novembre 1819 sans autre nourriture qu’un morceau de peau de buffle desséchée. C’est tout ce qu’ils avaient, et ils n’emportèrent pour se nourrir eux-mêmes pendant le voyage que deux paires de mocassins !

Hélas ! ce ne fut qu’au bout de quatre jours qu’ils