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dans son cœur. On aime la liberté comme on aime la nature, comme on aime sa patrie.

Mais il ne faut pas s’imaginer qu’il faille n’avoir aucun supérieur pour être libre. Comme dit Bossuet, où il n’y a pas de maître tout le monde est maître, et où tout le monde est maître tout le monde est esclave.

Le mot latin liber ne veut pas dire seulement libre, mais enfant. La liberté, c’est donc la condition de fils opposée à celle d’esclave. Être libre, c’est avoir un père pour maître. Ce n’est pas être affranchi d’obéissance et de subordination, c’est être soumis à l’autorité d’un père, au lieu d’être courbé sous le joug d’un tyran.

Sous l’empire du droit antique, les esclaves étaient des choses, et on en disposait de la même manière. Être libre, c’est être une personne, ayant un nom dans la famille, ayant une place au foyer. C’est pouvoir appeler son chef son père, et les autres sujets ses frères. C’est avoir droit d’être traité comme un fils !

Eh bien, Messieurs, cet idéal de la liberté dans ses rapports avec l’autorité, il est réalisé dans la constitution de l’Église chrétienne.

Quand son chef véritable, le Christ, nous a enseigné à prier en disant : « Notre père qui êtes aux cieux… » il nous a affranchis de l’esclavage ; il a proclamé la vraie fraternité, la vraie égalité, et la vraie liberté !

Aussi l’Écriture, en racontant son ascension au ciel prononce-t-elle cette parole remarquable : et ascendens in altum captivam duxit captivitatem, et remontant au ciel il a entraîné