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Deux classes d’exilés


Sont aux portes de cette chambre et sollicitent votre assistance. Les uns ne trouvent plus sur la terre étrangère cette richesse fallacieuse qui les avait séduits. Au fond de leurs cœurs l’amour de la patrie s’est réveillé, et vous les rendrez heureux en les conviant de nouveau au banquet de la nation.

Les autres sont plus dignes encore de vos secours.

Ils n’ont pas voulu abandonner leur pays, et pour lui rester fidèles, ils se sont enfoncés dans la forêt. Au prix des plus grands sacrifices et d’incroyables privations, ils ont défriché, colonisé, enrichi un coin ignoré de leur patrie.

Mais pendant huit mois ils ne peuvent avoir aucune communication avec les villes, et pendant le reste de l’année les communications sont excessivement dispendieuses et difficiles, pour ne pas dire impossibles. Eux aussi sont donc de véritables exilés sur les confins de leur patrie, loin de leurs amis et de leurs parents, loin du confort et des jouissances, loin de la richesse et de l’avenir !

Par dessus les montagnes ils vous tendent les bras, et ce qu’ils vous demandent ne sera pas pour eux seuls une source de prospérité. Ce sera pour les autres exilés une retraite heureuse et paisible, et