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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/155

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LE CENTURION

paganisme, Onkelos n’avait connu jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans que les dieux de l’Olympe.

Dès auparavant cependant il avait constaté qu’il existait en Grèce un besoin de renouvellement religieux ; et les sophistes s’ingéniaient à trouver des formules et des doctrines qui pussent satisfaire ce besoin de l’humanité.

Mais les écoles se démolissaient les unes les autres, et la grande et profonde tristesse qui conduit au suicide envahissait la société.

On avait cessé de croire aux dieux — ils étaient devenus par trop ridicules. Et cependant on les regrettait. On en demandait d’autres, et les penseurs inquiets de l’avenir de l’humanité se demandaient quels dieux allaient repeupler l’Olympe vide.

Le ciel semblait fermé : Qui donc allait l’ouvrir ?

L’oracle de Delphes avait parlé jadis et annoncé une ère nouvelle ; mais depuis longtemps il était muet.

Alors, Onkelos avait émigré en Judée, à Jérusalem, et il était devenu l’un des disciples de Gamaliel. L’onctueux et savant docteur l’avait convaincu de la fausseté du polythéisme, et le jeune Grec avait fini par embrasser le judaïsme avec un zèle qui l’avait jeté dans l’intolérance pharisaïque, sauf à l’égard des sadducéens dont il se rapprochait volontiers.

Il brûla ce qu’il avait adoré. Les dieux de la Grèce lui firent horreur.