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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/267

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LE CENTURION

plus rien. À quoi bon verser des larmes inutiles, et promettre à ces pauvres femmes affligées que leur frère ressuscitera au dernier jour ? »

Le caveau sépulcral était creusé au pied d’une colline, dans l’escarpement vertical du rocher, et l’on y arrivait par un escalier en pierre. Jésus y descendit seul avec quelques disciples, et la foule se rangea sur la pente qui faisait face au sépulcre.

Tous les cœurs haletaient dans l’attente de ce qui allait se passer. Que pouvait la force humaine, si grande qu’elle fût, contre l’invincible puissance de la mort ?

Jésus prit place en face du sépulcre, et dit : « Ôtez la pierre ». Les disciples renversèrent la pierre, et la porte du tombeau apparut béante. Devant cette ouverture sombre, vestibule de la mort et de la nuit éternelle, le Prophète, tout de blanc vêtu, majestueux et grave, les yeux levés vers le ciel, priait.

Après un instant, ces paroles tombèrent de sa bouche : « Mon Père, je vous rends grâces de m’avoir exaucé… » Puis, élevant la voix, il cria : «Lazare, viens dehors, veni foras ! »

Alors mes yeux se fixèrent sur le sépulcre béant, et je vis apparaître dans le cadre noir du tombeau un blanc fantôme, le visage couvert d’un suaire, le corps, les mains et les pieds enveloppés de bandelettes. Mais ce fantôme vivait.

—« Déliez-le, ajouta la voix sonore, et laissez-le aller. »