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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/40

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LE CENTURION

Et quel est ce royaume des cieux dans lequel tous les bonheurs appartiennent à ceux que nous regardons, nous, comme les vrais malheureux ?

Où est-il ce séjour idéal où régnera enfin la grande loi des compensations, où seront consolés ceux qui pleurent, rassasiés ceux qui cherchent en vain la justice, comblés de félicité ceux qui ne rêvent que l’amour pur ?

Il le sait, sans doute, Lui. Mais il me semble évident à moi, que ce royaume n’est pas celui d’Israël, ni aucun autre de ce monde.

C’est une religion nouvelle qu’il prêche, et une révolution sociale pacifique, en même temps que radicale et universelle.

Ce n’est pas seulement le peuple Juif qu’il veut régénérer, c’est l’humanité toute entière.

Son œuvre ne sera pas nationale, mais humanitaire. Il laisse à qui ambitionne de les porter les sceptres et les couronnes ; mais pour lui-même il rêve un autre idéal : Il veut répandre la lumière dans les intelligences, la foi dans les âmes, et l’amour dans les cœurs.

Voilà, si je ne me trompe, le rêve sublime de cet homme extraordinaire dont la doctrine éclipse absolument celle de Platon, et dont l’éloquence relègue Cicéron dans l’ombre.

Ce rêve est-il réalisable ? À mon humble avis, il est absolument impossible, de toute impossibilité, si Jésus n’est qu’un homme !

Et que peut-il être autre chose ?…