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LE CENTURION

Tout ce que je dis là est bien pâle, comparé au discours que j’ai entendu.

Et puis, il faut le voir.

C’est un homme d’une haute taille, et d’une grande beauté virile, de cette beauté qui est faite de noblesse, de distinction, d’intelligence et de force.

Ses traits fort réguliers le font ressembler à sa mère, disent ses disciples. Il en a aussi le teint bruni, de cette nuance qui se rapproche de la couleur du froment pur.

Son front large est encadré d’une abondante chevelure dont la couleur châtain imite ces vins rouges du midi qui sont imprégnés de soleil.

Divisés par le milieu, ses cheveux descendent en boucles ondoyantes jusque sur ses épaules.

La barbe de même couleur, peu longue et taillée en pointe, forme avec la chevelure un cadre ovale qui fait ressortir l’harmonie de son visage.

Mais ce qu’il y a de plus remarquable et de plus caractéristique dans sa physionomie, ce sont les yeux. D’un bleu très foncé, ils ont la profondeur, l’éclat et le feu sombre de la vague phosphorescente.

On en supporte difficilement le rayon pénétrant. C’est comme une flèche de lumière qui transperce les cœurs, et qui en met à nu tous les recoins.

À ses heures de sainte colère, ils sont terribles.

C’est ce qui explique comment les vendeurs du Temple qui étaient nombreux et peu timides, se sont