Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/259

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l’Agro romano peut se faire sur cette base. La question parait oiseuse ; car, avant que la Campagne romaine soit mise en valeur, bien des facteurs inconnus peuvent modifier la situation économique et obliger les cultivateurs à chercher une autre voie. Les prévisions d’aujourd’hui ont donc les plus grandes chances de se trouver fausses dans dix ans[1].

On objecte que la culture maraîchère ne peut pas prendre un plus grand développement à Rome à cause de la concurrence des jardiniers napolitains favorisés par un climat plus chaud. C’est possible, mais il n’est pas dit que les jardins de Naples suffisent toujours à alimenter Naples et Rome ; certains légumes peuvent être obtenus plus avantageusement à Naples ; d’autres, au contraire, le seront à Rome.

La production du lait peut aussi un jour dépasser les besoins de la consommation. Mais rien ne s’oppose à ce qu’on fasse du beurre, du fromage ou qu’on se livre à l’élevage ou à l’engraissement. D’ailleurs, lorsque toute la Campagne romaine sera en culture intensive, elle sera si différente de ce qu’elle est actuellement qu’il est difficile de prévoir de quelle façon devra s’organiser l’agriculture. Une chose est certaine, c’est qu’elle sera habitée par une population plus nom-

  1. En 1883, C. Desideri, directeur de l’École pratique d’agriculture de la province de Rome, pronostiquait que l’entretien des brebis et la fabrication du fromage étaient destinés à ne plus être d’un bon rapport (Bonificamento agrario della Campagna romana, p. 70), mais il ne prévoyait pas la reprise des cours sur les laines, ni l’émigration italienne en Argentine qui devait faire monter le prix du pecorino.