Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/108

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rait succéder aux temps malheureux qu’on avait passé jusqu’alors, ces jours fortunés qu’on se rappelait sous le gouvernement de son père »[1].

Le fils fut aussi populaire que le père et le marquis de Vaudreuil conserva l’affection du peuple canadien jusqu’à son départ pour la France. Les habitants des campagnes comme ceux des villes eurent jusqu’à la perte du pays l’intuition que le gouverneur de Vaudreuil n’était pas responsable des malheurs qui s’acharnèrent sur la colonie.

Le 18 octobre 1760, le marquis de Vaudreuil s’embarquait au port de Québec, sur l’Aventure pour la France. Il disait un éternel adieu au pays qui l’avait vu naître et où s’était écoulée presque toute sa carrière.

En décembre 1761, M. de Vaudreuil, qui avait été malade presque tout le temps depuis son arrivée en France avait la douleur de se voir arrêté et jeté à la Bastille en même temps que Bigot, Varin, Cadet, etc., etc. L’instruction contre les accusés de l’Affaire du Canada dura quinze mois. M. de Vaudreuil se montra aussi digne dans le malheur qu’il l’avait été à la Louisiane et dans la Nouvelle-France. Malade, il avait demandé au ministre de lui permettre d’amener à la Bastille son domestique — un nègre engagé à la Louisiane et qui le servait depuis longtemps.

Le 30 mars 1762, M. de Sartine écrivait au major de la Bastille : « Je suis informé que M. de

  1. Mémoires sur les affaires du Canada, depuis 1749 jusqu’à 1760, p. 68.