Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/121

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laient le bannir pour cinq ans ; cinq consentaient à l’admonester ; un autre juge voulait le décharger de l’accusation ; enfin six voulaient le mettre « hors de cour ».

Il fallut donc prendre un autre vote afin d’en arriver à une décision définitive. Cette fois, neuf se prononcèrent pour le blâme et douze pour le « hors de cour ».

La même comédie se renouvela lorsqu’il s’agit de fixer la somme que Péan serait appelé à restituer au Roi. Les uns voulaient le condamner à 800,000 livres, les autres à 600,000. Quatorze juges se prononcèrent pour cette dernière condamnation, c’est-à-dire 600,000 livres de restitution et c’est cette somme que porte le jugement.

Ce curieux jugement fait dire à l’auteur de La vie privée de Louis XV :

« Mais le plus étonnant, ce fut le sieur Péan, le major des troupes, qui condamné à 600,000 livres de restitution envers le Roi, ne reçut pas la plus petite note d’infamie. »[1]

Il y a, en effet, de quoi étonner sur la sentence relativement légère imposée à Péan.

En toute affaire un peu ténébreuse, on disait autrefois : « cherchez la femme ». S’il y eut une femme mêlée à la quasi absolution de Péan, il ne peut y en avoir d’autre que madame Péan, née Angélique des Méloizes. Madame Péan, du Canada, avait su plaire à Bigot. Une fois rendue en France, n’au-

  1. La vie privée de Louis XV, vol. iv, p. 78.