Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/122

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rait-elle pas exercé ses charmes sur les juges du Châtelet où tout au moins sur le ministre qui, lui, faisait agir les juges de sa création comme des marionnettes ? Nous ne voulons rien affirmer mais en face d’un jugement qui condamne un voleur à une restitution de 600,000 livres et ne lui impose aucun blâme direct, il est permis de se demander si les juges étaient libres de leurs opinions.

Un peu après son arrivée en France, Péan avait acheté la terre d’Onzain, non loin de Blois. Cette propriété était la plus riche et la plus belle du pays. C’est là qu’il avait décidé de finir ses jours. Pendant son séjour de trois années à la Bastille, Péan dût passer souvent à son domaine d’Onzain. Enfin, quand il fut remis en liberté, après avoir pavé ses 600,000 livres de restitution, Péan retourna à Onzain. On ne peut dire que le gentilhomme canadien avait la considération de ceux qui vivaient dans les châteaux environnants. Tous connaissaient son histoire. Mais la plupart de ces châtelains acceptaient ses invitations. Il était riche et recevait princièrement. En ce temps-là comme aujourd’hui. et peut-être un peu plus qu’aujourd’hui, les petits et les grands dîners gouvernaient le monde !

Le comte Du fort de Cheverny, ancien introducteur des ambassadeurs à la cour, qui vivait à son château de Cheverny, non loin d’Onzain, a laissé d’intéressants Mémoires, où il raconte sa rencontre avec Péan, un peu après 1765.