Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/283

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pour aller siéger au plus haut tribunal de la colonie. Leurs intérêts personnels devaient de temps en temps venir en conflit avec ceux des négociants qu’ils étaient appelés à juger. Et, pourtant, nous voyons peu souvent des membres du Conseil Souverain se récuser pour ne pas entendre des causes, où ils auraient pu avoir des intérêts.

C’est Bigot qui, dans un de ses Mémoires, parle du sieur Perthuis, membre du Conseil Souverain. Répondant à un argument du Châtelet qui l’accusait d’avoir favorisé indûment le sieur Perthuis, Bigot faisait dire à ses avocats :

« Le sieur Perthuis, conseiller au Conseil Supérieur de Québec, a acheté, à ce qu’on prétend, du s. Menardy, le 7 septembre 1755, une partie de marchandises de 63337,3 f. au bénéfice de 30 pour cent et 5 pour cent de commission. Le registre du s. Menardy porte que cette partie était « pour les magasins du Roi ou pour M. Bigot, et qu’il l’a placée au magasin ou à M. Bigot, à 35 pour cent, parce que le s. Perthuis lui a accordé 5 pour cent de commission de la vente qu’il lui avait fait faire au s. Bigot. »

« Mais outre que le registre de Menardy ne fait point preuve contre le sieur Bigot, qui n’offre point d’y ajouter foi, le registre laisse incertain si la vente a été faite pour le magasin ou pour le sieur Bigot ! Or, on va voir dans un moment que les marchandises étaient pour le magasin et non pour le sieur Bigot.