Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/56

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pelé à une autre destination ». Il n’y fit pas merveille.

Le ministre fut bientôt mis au fait des agissements du sieur Bréard qui commerçait sur tous les effets et les denrées qu’il achetait pour le Roi. Il était à la fois vendeur et acheteur.

À l’intendant Bigot qui insistait pour faire nommer son comparse commissaire de la marine, le ministre répondait, le 12 mai 1752, qu’il ne doutait pas de la capacité de Bréard, mais qu’il ne pouvait lui accorder la nomination de commissaire, en raison des plaintes nombreuses portées contre lui sur sa cupidité. « Il a la réputation, ajoutait-il, en France et dans la colonie, de se mêler de toutes sortes de commerce, tant extérieur qu’intérieur. On prétend qu’il est intéressé dans plusieurs fournitures pour le compte du Roi, qu’il fait construire des navires dans les chantiers du Roi, etc., etc. »

Le Mémoire du Canada explique ainsi le départ de Bréard de la colonie : « Les richesses que plusieurs personnes attachées au service du roi avaient acquises, entr’autres MM. Bréard et Estèbe, les mettaient dans le cas de chercher de bonne heure à les conserver. M. Bréard était contrôleur de la Marine. Il avait beaucoup de talent et connaissait parfaitement son métier. Il avait fait une fortune considérable, étant de toutes les sociétés. Il s’était attribué des pouvoirs que l’intendant lui-même n’osa lui disputer. Il passa en France sous le spécieux prétexte d’aller lui-même chercher son