Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/6

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pour assurer sa conquête que la France ne déboursa pour conserver sa colonie.

Le mot de Voltaire sur les « quelques arpents de neige » avait fait du chemin et les ministres de Louis XV estimaient qu’il ne fallait pas vider le trésor royal pour conserver un pays aussi peu prometteur.

Les procès intentés devant le Châtelet de Paris en 1763 contre les profiteurs du Canada avaient sans doute pour objet de punir les coupables, mais les ministres de Louis XV voulaient faire d’une pierre deux coups : d’abord, faire oublier au peuple français la perte du Canada et en rendre Bigot et sa bande responsables, puis camoufler ainsi la négligence, l’incurie et les fausses manœuvres des ministères de la marine et de la guerre. Cette tactique ne réussit qu’à demi.

Il faut avoir la franchise de l’avouer, Bigot et ses complices n’auraient-ils volé qu’une infime partie des millions qu’ils accaparèrent que la prise du Canada par les Anglais aurait été quand même inévitable.

Du jour où ceux-ci furent maîtres de la mer, il était évident qu’ils finiraient par s’emparer du Canada. Les ministres de Louis XV se rendirent compte trop tard qu’il fallait une marine puissante pour ravitailler le Canada en hommes, en munitions et en provisions de bouche. Les auteurs anglais et notamment l’amiral Mahon, ont attribué le succès de leur armée non seulement à Wolfe mais