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couverte de bois épais, en face de Québec. De là, la vue commande en aval et en amont du fleuve. Rien ne pouvait échapper à la surveillance de l’ennemi. Les grand’gardes des partis de guerre blotties à la tête des arbres pouvaient y attendre pendant de longs jours la sortie des canots de Québec pour se jeter à leur poursuite[1].

Le vieux journal note brièvement, chaque jour, les alertes continuelles qui venaient de ce côté. Aujourd’hui, dit-il, nous avons appercevance des Iroquois à la côte de Lauzon. Vanus lumen rumor. Hier, c’est un frère lai qui, allant tendre sa pêche à l’anguille près de la Chaudière, a vu disparaître ses deux compagnons algonquins. Tantôt, c’est un chasseur aventureux qui a voulu s’enfoncer trop loin dans les bois et qui paie cher sa témérité.

  1. Ce sont des renards en leurs approches, dit la Relation de 1658, ils attaquent en lions, et disparaissent en oiseaux faisant leur retraite1… Un pauvre homme travaillera tout le jour proche de sa maison, l’ennemi qui est caché dans la forêt toute voisine, fait ses approches, comme un chasseur fait de son gibier, il décharge son coup en assurance, lorsque celui qui le reçoit se pense le plus assuré2… Ils peuvent rester dix jours cachés derrière une souche pour pouvoir assassiner un homme ou une femme, vivant dans cet état avec un épi de blé d’Inde3.

    1 p. 5 vol. III.

    2 Relation de 1660.

    3 Lettre de Vaudreuil et Raudot au ministre (manuscrits de la Chambre d’Assemblée).