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Il promet de mener de front durant l’hiver le défrichement de la ferme de Bissot en même temps que celui de son propre domaine[1].

Le douzième jour d’avril 1648, les quelques bons bourgeois de Québec, qui s’étaient aventurés sur la plateforme de M. le gouverneur pour contempler le lever du soleil de Pâques, pouvaient voir descendre le long des falaises de la Pointe de Lévy deux canots d’écorce vigoureusement poussés par une dizaine de rameurs. La matinée s’annonçait belle, mais l’air froid montant du fleuve faisait pagayer plus vivement les voyageurs. La marée charroyait encore les débris de la débâcle dernière et l’on avait garni la pince des canots de peaux

  1. À peu près dans le même temps où Couture commença son défrichement, les jésuites élevèrent sur le rivage, en face de Québec, l’humble logis qui devait porter, pendant plus de deux siècles, le nom de Cabane des Pères. Pour se rendre dans les missions de la Nouvelle-Angleterre, ces missionnaires s’enfonçaient d’ordinaire à travers les terres, côtoyant la rivière Etchemin et la rivière Chaudière pour de là se jeter dans la rivière Saint-Jean. À leur retour de ces lointaines missions ils étaient obligés d’attendre souvent plusieurs jours pour pouvoir traverser le fleuve. Par les grands vents ou par les nuits orageuses, il n’était pas prudent de se risquer en canot d’écorce sur le bras de mer qui sépare Québec de Lévis. Ce fut la raison qui porta sans doute les jésuites à établir ce pied à terre à Lévis. La pointe où s’élevait ce cabanon a toujours porté depuis le nom de Pointe des Pères. La côte qui gravit de la grève sur la falaise s’appelle la côte de la Cabane des Pères.

    Aujourd’hui les terrassements du chemin de fer Intercolonial recouvrent les ruines de ce vieux logis.