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de veaux crûs pour se garantir des rudes poussées de glaces.

Les deux embarcations longeaient depuis quelque temps les rives désertes lorsqu’un coup d’aviron les fit atterrir au fond de la coulée qui a porté plus tard le poétique nom de trou de Joliette. Les canots avaient à peine touché terre que déjà un homme encore jeune, aux vives allures, était monté sur la grève pour offrir son bras à un compagnon plus âgé, portant à son dos, attaché par une courroie, un assez lourd bagage. Au milieu des grands pins qui couvraient alors la côte, on vit accourir des groupes de sauvages, et, derrière le cap, le bruit d’une fusillade se fit entendre.

Où s’en allaient ces voyageurs par cette matinée de printemps, quand l’aube venait à peine de paraître ? Était-ce déjà quelque incursion du farouche Iroquois contre les habitants isolés de la côte de Beaupré, ou de l’île d’Orléans ? Étaient-ce des canots de l’ordonnance qui s’en allaient au devant des navires de France, à la rencontre du nouveau gouverneur M. d’Ailleboust, ou quelques missionnaires partant en course pour les missions lointaines des Abénaquis, dans l’ancien pays de Norembègue ?