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Non, ces voyageurs matinaux n’étaient ni des sauvages en quête de sanguinaires aventures, ni les messagers des grands de la terre.

Celui que l’on avait vu sauter à terre, ployant sans un lourd bagage, avait laissé tomber les longs plis d’une soutane noire, et la vive fusillade que l’on venait d’entendre était un feu de joie saluant le jésuite Pierre Bailloquet qui venait, en ce jour de Pâques, dire pour la première fois la messe à la Pointe de Lévy[1].

Le vieux Journal des Jésuites raconte brièvement, comme toujours, ce simple incident. Il laisse ignorer les détails de cette prise de possession par la religion, d’une terre qui venait d’être ouverte aux colons par un fidèle serviteur du Christ. D’ordinaire, aux beaux jours de l’été, quand le missionnaire allait célébrer les saints mystères dans les campagnes nouvelles, on élevait une chapelle de feuillage, et là, en plein champ, comme autrefois les fils d’Israël, on offrait le sacrifice. Les oiseaux du ciel composaient l’harmonieux orchestre de ces agapes qui rappelaient les premiers temps chrétiens.

  1. Journal des Jésuites.