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et vient se jeter à la grève, après avoir alimenté la magnifique pièce d’eau que l’on voit maintenant dans le jardin du presbytère, servait de borne entre la ferme de Bissot et l’établissement de Couture. Cette onde claire et limpide, excellente à boire comme toutes les eaux jaillissant des rochers, répandait la vie et une agréable fraîcheur dans ces prés toujours verts.

À deux pas de la ville, le nouveau défricheur dut trouver aisément la main-d’œuvre et de l’aide pour construire sa demeure. Dans ces temps de mœurs patriarcales, où chacun vivait comme en communauté, les corvées étaient de mise. On se mettait gaiement à l’œuvre, sans compter ses peines et son travail. Le colon devait être alors maçon, charpentier, architecte à la fois.

Pendant que les uns s’occupaient de déserter[1] la terre, les autres s’enfonçaient dans la forêt voisine pour y choisir les bois de construction. Les cèdres, les merisiers, les érables, les pins abondaient, il ne s’agissait que d’y mettre la cognée. Couture, qui avait des connaissances en charpenterie, dut tailler lui-même les pièces

  1. Mot canadien qui signifie défricher, et que l’on doit conserver.