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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/66

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L’épluchette


Leur petit

Les vieux Deschamps, du poids des ans
Chargés, cheminaient à pas lents.
Le bonhomme, tel un vieux chêne
Droit et vert, paraissait à peine
Plus de soixante printemps,
Mais il avait nonante ans.
Sa compagne, vive, accorte,
Comme lui semblait vraiment forte.
Vous en avez vu de ces gens,
Surtout parmi nos habitants :
Bon pied, bon œil, vifs, alertes ;
Narguant le faix des ans, certes ?

Sur le chemin large et blanc,
Le couple s’en allait donc, lent,
Las, sous une douleur amère,
Pleurant une perte bien chère :
Celle de leur unique enfant
Qui reposait maintenant
Dans la nécropole voisine,
C’était pitié de voir la mine
Du vieux ; sa douleur s’exhalait
Librement ; il sanglotait !
C’était triste à fendre l’âme,
Mais voici que la vieille femme