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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/91

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L’épluchette

J’aurais fait des sacrifices
Certains, réels, sur chaque objet
Pour pouvoir faire de l’effet.
Puis, lassé, toujours d’attendre
Et ne pouvant rien vendre,
Savez-vous ? je crois, ma foi !
Que j’aurais essayé, quoi !
Sur la première ordonnance
Que m’eut apporté la chance.
C’est pourquoi je disais vraiment,
Que les clients, heureusement,
Ce jour-là n’approchèrent guère.
Je sentais bien la colère
Me gagner. Ah ! quel guignon !
Je pensais avec raison :
— Il ne viendra donc personne,
Pas même un petit garçon ? »
Mais voilà qu’à la porte on sonne :
Ce n’est qu’un gamin qui vient
Demander pour un sou de gomme,
Et, comme je savais bien
Qu’il n’y en avait plus en somme,
J’eus un désappointement,
Et c’est à regret vraiment
Que je vis ce petit bonhomme
S’en aller un peu mécontent ;
Mais juste à ce même instant
Rentrait mon apothicaire,
Voit les mains vides de l’enfant
Et s’informe de l’affaire.