chant du coq, le caquetage des poules, et de temps en temps le beuglement d’une vache ou le jappement d’un chien.
« L’odeur des roses et de la mignonnette s’élevait du jardin et parfumait l’espace. Il y avait partout une apparence de calme, de sérénité joyeuse qui réjouissait l’âme et l’élevait vers le ciel. Jamais je n’avais tant aimé la campagne que ce jour-là. »[1]
Et l’on pourrait rapprocher de cette description, pour la vie qui y est intense, et pour la précision du détail, cette page excellente où Gérin-Lajoie essaie de fixer le spectacle si terrifiant de nos incendies de forêt.
« C’était vers sept heures du soir. Une forte odeur de fumée se répandit dans l’atmosphère ; l’air devint suffocant ; on ne respirait qu’avec peine. Au bout d’une heure, on crut apercevoir dans le lointain à travers les ténèbres, comme la lueur blafarde d’un incendie. En effet, diverses personnes accoururent, tout effrayées, apportant la nouvelle que le feu était dans le bois. L’alarme se répandit, toute la population fut bientôt sur pieds. Presque aussitôt les flammes apparurent au-dessus du faîte des arbres : il y eut parmi la population un frémissement général. En moins de rien, l’incendie avait pris des proportions effrayantes ; tout le firmament était embrasé. On fut alors témoin d’un spectacle saisissant : les flammes semblaient sortir des entrailles de la terre et s’avancer perpendiculairement sur une largeur de près d’un mille. Qu’on se figure une muraille de feu marchant au pas de course, et balayant la forêt sur son passage. Un bruit sourd, profond, continu se faisait entendre, comme le roulement du tonnerre ou le bruit d’une mer en furie. À mesure que le feu se rapprochait, le bruit devenait plus terrible : des craquements sinistres se faisaient entendre. »[2]