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Page:Royer - Introduction à la philosophie des femmes, 1859.pdf/14

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mais encore dans la famille, au point que bientôt ils ne se rencontreront plus, faut-il le dire ? que comme certains troupeaux, à l’étable.

Chez les hommes, la raison mathématique, le travail discursif de l’intelligence absorbe toutes les facultés, fossilise l’âme et fait de leur être entier une machine pensante, sans tempérament moral. Chez les femmes, au contraire, on ne développe qu’une sensibilité maladive, sans soutien et sans frein, ou une imagination qui, sans objets rationnels d’activité, ne peut que s’égarer plus ou moins dans les créations folles des rêves poétiques. On fait abus pour elles des études littéraires, lorsqu’on fait pour elles abus d’une étude quelconque. Toujours, du reste, il y a abus d’une faculté lorsqu’on la développe seule. Il en est des organes de notre âme comme des membres de notre corps ; si l’un de nos bras travaille sans cesse et que l’autre demeure inactif, ce dernier dépérit tandis que le premier prend à lui seul toute la force. De même, l’esprit n’est sagement équilibré que par un exercice intégral de toutes ses puissances. Il résulte de tout cela que les femmes sont tout cœur, et les hommes tout tête et que les uns et les autres ressemblent, intellectuellement au moins, à ces images grotesques et disproportionnées que des crayons en délire nous retracent quelquefois sous prétexte de caricatures. Ceux-ci ne savent que penser, celles-là ne savent que sentir ; tous ensemble ne peuvent plus s’entendre, se comprendre mutuellement. Par instinct ils arrivent à se