fuir ; et ces rapports civils et polis, ces rapports sociaux, rapports d’intelligence et d’esprit si pleins de charme et d’intérêt, qui permettent l’échange des idées, deviennent de plus en plus rares et impossibles. Les hommes y perdent en moralité, les femmes en solidité d’esprit, et nul n’y gagne.
Je dirai plus. Tant que la science demeurera aussi exclusivement entre les mains des hommes, elle ne descendra jamais dans les profondeurs de la famille et de la société. Elle restera à la surface, pareille à une croûte de glace au-dessous de laquelle les eaux demeurent à une température invariable ; ou encore, elle sera semblable à ces bancs de conferves flottantes qui s’étendent, comme une mousse verte, sur les étangs vaseux. Si le pied trompé s’y pose espérant trouver un sol ferme, la prairie factice cède et s’entrouvre, tandis que du sein des eaux corrompues s’élèvent des miasmes fétides.
Que les femmes s’emparent de la science, au contraire, et bientôt elles la rayonneront autour d’elles avec cette expansion sympathique qui distingue si essentiellement leur nature. La femme ne sait rien garder pour elle ; ce qu’elle sait, elle le dit ; ce qu’elle croit, elle le fait ; ce qu’elle a, elle le donne. Les idées premières que les mères inculqueront à leur jeune famille, au moins seront des idées justes que l’éducation n’aura plus à rectifier, mais seulement à développer ; qu’elles s’emparent de la science enfin, ne serait-ce que pour en polir la langue, pour en effacer les aspé-