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Page:Royer - Introduction à la philosophie des femmes, 1859.pdf/17

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croyances ébranlées. On se défie des autres parce qu’on n’a plus qu’à peine confiance en soi-même. Mais si les femmes sont frappées, comme les hommes, de cette épidémie, celles surtout qui savent l’être, ne pourraient-elles être admises à en chercher le remède ? On ne trouve point étrange que des femmes, voire même des femmes qui font des pélerinages, prennent part aux chasses royales. On ne juge point que leur sensibilité doive être blessée de poursuivre la biche qui tremble, le cerf aux abois qui pleure devant la meute. Pourquoi donc, bien plus encore, seraient-elles exclues de la chasse à courre à la vérité ? l’arène n’est-elle pas ouverte devant tous ? Que chacun s’y élance de toutes ses forces ; au plus fort, au plus agile, au plus heureux appartiendra la couronne.

Nous avons vu que la philosophie est la synthèse de la science, et comme telle, elle progresse nécessairement avec celle-ci, se transforme comme elle et par elle. Mais jusqu’à présent l’on peut dire qu’elle n’a point existé, qu’elle a été impossible. La philosophie, en un mot, n’est pas faite, elle ne pouvait l’être avant cet heureux développement des sciences mathématiques et expérimentales dont notre siècle a été le témoin. Voilà trente ans seulement qu’elle commence à être possible.

On peut dire que Galilée, en restituant au soleil sa place et son titre de centre de notre système, Kepler et Newton en dérobant aux cieux la connaissance de leurs lois, Herschel en les creusant à l’infini, Cuvier