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Page:Royer - Introduction à la philosophie des femmes, 1859.pdf/19

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Aussi, le plus souvent, je l’avoue, nous concluons trop vite.

Il faut donc que notre philosophie rassemble tout ce que la science possède d’évidence, et qu’entre les probabilités opposées, nous nous déterminions pour la plus probable, afin de nous y attacher et d’en faire le soutien de notre vie, de notre conduite ; car toute pensée chez nous conclut à l’action ; nous avons une admirable logique des actes, qui manque presque totalement aux hommes. Ceux-ci, au contraire, font de magnifiques théories avec lesquelles ils se mettent sans cesse en contradiction. Aussi lents à affirmer que nous y sommes promptes, tandis qu’ils demeurent suspendus dans leurs incertitudes sceptiques, ils se laissent entraîner sans direction, sans boussole, à tous les vents des circonstances et des passions. « Il n’y a rien de certain. » Ce mot peut leur servir d’excuse à toutes choses. Leur esprit, si prudent qu’il soit dans ses jugements, est cependant bien loin de cette sorte d’infaillibilité à laquelle ils semblent prétendre et cette suprématie de raison qu’ils s’arrogent sur nous est plus affirmée que prouvée. Je ne puis voir sans étonnement que des femmes, et surtout des femmes protestantes, puissent reconnaître si aisément la papauté de l’esprit viril et en respecter ainsi les décisions comme sans appel. Examinons plutôt avec attention et impartialité d’esprit toutes les questions et soumettons-les à notre propre jugement ; ce que je propose ici est du luthérianisme pur ; c’est la revendication de la liberté de conscience, d’opi-