cette transformation de l’idée divine ? et si nous y avons en effet participé, ne sommes-nous pas appelées à agir un jour prochain peut-être sur la philosophie, comme nous avons agi, il y a deux mille ans, sur la religion ?
La philosophie, telle que je la conçois pour nous, mesdames, la philosophie que je me suis faite et dont je vous apporte les prémices, doit donc être d’abord essentiellement critique ; c’est-à-dire qu’elle doit examiner toutes les philosophies précédentes, prendre et s’assimiler avec liberté, avec une indépendance jalouse, tout ce qu’elles ont de bon, de convenable, et rejeter ce qu’elles ont de mauvais. C’est donc un éclectisme que je vous propose, c’est-à-dire un choix judicieux d’idées harmoniques entre elles, et non un synchrétisme aveugle qui rassemble comme au hasard les éléments les plus contradictoires. Notre philosophie doit être dogmatique, c’est-à-dire aboutir toujours à une solution affirmative, tout au moins relativement probable à défaut de certitude absolue. Mais plus que toute chose elle doit être morale et religieuse. La science et la sagesse sont les attributs les plus essentiels de Dieu, ne peuvent exister sans Dieu, puisque sans Dieu il n’y aurait dans la nature que hasard et fatalité, c’est-à-dire la négation même de cet ordre qui seul rend la sagesse et la science possibles. La négation de Dieu est donc, avec la négation de l’ordre naturel ou moral, la négation même de toute philosophie, puisqu’elle en détruit l’objet. Si dans le passé il a pu y avoir une philosophie athée et immorale, je lui dénie le nom de philosophie, et l’éty-