le caractère de ceux qu’elles abritent ; pour visiter ces villes populeuses, s’approprier leur histoire dans le passé, se rendre compte de leur état dans le présent, enfin, pour savoir de toute science toute cette contrée si riche d’éléments divers qu’un seul regard peut embrasser, ce ne serait pas trop de toute une vie. Ainsi, mesdames, du haut des sommets philosophiques de la science, il me suffira, je l’espère, de quarante heures pour vous donner un aperçu rapide de l’ensemble de la nature et de ses lois, un cadre, comme je vous l’ai promis, ou plutôt un tableau général de la science avec ses principales formules, ses conclusions dernières et ses hypothèses acceptées. Si nous voulions au contraire étudier l’une de ses branches en détail, même la moins importante, il nous faudrait quarante années peut-être, et encore ni vous ni moi n’aurions-nous jamais achevé.
Il est donc indispensable d’avoir dans l’esprit, comme forme générale du savoir, une de ces synthèses complètes et rapides dont l’harmonieuse unité n’abandonne plus la raison qui s’en est une fois saisie. C’est une sorte d’image lumineuse du monde qui marche ensuite devant elle pour l’éclairer comme un flambeau, comme un soleil intellectuel et moral qui lui montre sans cesse le chemin le plus direct du lieu où elle vient au lieu où elle va. Pour se reposer de cette vive clarté, quelquefois trop fatigante, pour se distraire de cette vaste scène de contemplation qui s’appelle l’univers, on peut ensuite adopter une ou deux sciences de détail,