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SON INTRODUCTION EN EUROPE

côté, comme tous les botanistes de l’époque qui étaient portés à retrouver dans les traditions grecques ou latines les opinions des Anciens sur les plantes qu’on ne pouvait croire nouvelles, de l’Escluse se demande, avec quelque doute il est vrai, si la Pomme de terre ne répondait pas à une description assez vague de l’Arachidna de Théophraste, qui semble concerner une sorte de Truffe. Notre Solanée étant une plante du Nouveau-Monde,
Fig. 26. — Sommité fleurie de la Pomme de terre, d’après la gravure sur Bois (réduite d’un quart) du Rariorum Plantarum Historia de Clusius (1601).
et par suite inconnue aux auteurs grecs ou latins, nous supprimerons son commentaire sur l’Arachidna, mais nous traduirons ici tout le reste du Chapitre LII de son IVe Livre, intitulé : Papas des Péruviens, qu’on ne pourra lire sans grand intérêt.

« La racine de cette nouvelle plante, dit-il, car elle n’a été connue en Europe que depuis peu d’années, est alimentaire.

» Son tubercule ne doit être ordinairement planté chez nous qu’en Avril, et pas plus tôt. Il en sort, quelques jours après la plantation, des feuilles d’un pourpre foncé, villeuses, qui en se développant prennent une teinte verte. Leur forme ne diffère pas beaucoup de celle des feuilles du Raifort : les folioles naissent sur la même nervure médiane par cinq, sept ou davantage, et toujours en nombre impair, avec d’autres petites folioles intercalaires, l’impaire se trouvant toujours terminale. La tige, épaisse d’un pouce, est anguleuse, lanugineuse, longue de cinq et parfois six coudées[1] ; elle émet du pied plusieurs jets, et se divise en plusieurs branches,


  1. — La coudée étant évaluée à 0m,44, la longueur de la tige se trouvait avoir de 2m,20 à 2m,60 environ.