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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/104

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90 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

longues, faibles, qui, lorsqu’elles ne sont pas soutenues par des échalas ou autres étais, rampent par leur propre poids sur la terre et s’étalent de tous côtés. De l’aisselle des branches sortent des pédoncules longs d’un pied, épais, qui portent dix à douze fleurs, ou plus encore ; ces fleurs sont élégantes, larges d’un pouce environ, anguleuses, d’une seule pièce, mais avec cette complexité qu’elles paraissent composées de cinq feuilles distinctes : leur couleur, qui extérieurement est d’un pourpre pâle, est intérieurement pourprée, et elles présentent, disposées en étoile autour de leur ombilic, cinq rayons verdâtres, et autant d’étamines jaunes soudées au sommet, avec un style également verdâtre proéminent. À ces fleurs, qui rappellent l’odeur de celles du Tilleul[1], succèdent des pommes rondes, assez semblables à celles de la Mandragore, mais plus petites ; ces fruits d’abord verts, puis blancs à la maturité, contiennent au milieu d’une pulpe humide beaucoup de graines plates, qui ne sont pas plus grosses que celles des Figues.

» Elle n’a qu’une seule racine, ou parfois deux ou trois qui sont épaisses et s’enfoncent directement dans le sol ou quelquefois se ramifient ; puis, à l’extrémité de ces racines, il en naît d’autres, plus ténues, blanchâtres, qui se dirigent de côté et d’autre : il arrive même qu’il en sort de nouvelles pousses, assez loin du pied mère, qui produisent des feuilles ou de nouvelles plantes. Ces racines donnent naissance à des fibres longues et épaisses, et lorsqu’au mois de Novembre, après les premières gelées, on déterre le tout, on voit adhérer à ces fibres des tubercules de grosseur variée, inégaux, qui présentent plusieurs yeux d’où sortiront les germes l’année suivante. Quant à ces tubercules, dont je me rappelle avoir récolté plus de cinquante sur un seul pied (tant la plante est prolifique !), les uns sont gros au point de peser une once ou même deux[2], et sont recouverts d’une pellicule qui est rougeâtre ou d’une couleur tirant sur le pourpre, les autres sont petits, comme s’ils n’étaient pas encore mûrs, et ont une pellicule en grande partie blanchâtre : cette pellicule est très mince sur tous les tubercules, mais la chair elle-même en est ferme et blanche. Or, soit


  1. — A. de Candolle signale ce caractère comme la seule différence existant entre la Pomme de terre de De l’Escluse et nos variétés actuelles.
  2. — Une once ou 30 grammes et demi, deux onces : 61 grammes.