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SON INTRODUCTION EN FRANCE 133

forme des planches de 5 pieds de largeur. Je leur donne deux labours au printemps ; au second labour, je remplis le grand sillon à moitié : avant de planter, je passe le cultivateur simple qui creuse un petit sillon, ce qui ameublit la terre ; mais si elle est humide, je mets un double palonnier au cultivateur pour éviter le trépignement des chevaux. Je fais ensuite planter les Pommes de terre à un pied de distance l’une de l’autre, dans toute la longueur du sillon. Je choisis pour cela celles qui sont à peu près de la grosseur d’une noix : on les enfonce à 2 ou 3 pouces ; et si elles ne se recouvrent pas suffisamment en retirant la main, on pousse un peu de terre avec les doigts.

» Il est presque inévitable de donner à la main une culture légère, afin de détruire les mauvaises herbes qui lèvent en même temps que les Pommes de terre ; mais cette culture ne doit s’étendre qu’à 3 ou 4 pouces seulement de chaque côté de la rangée : la charrue peut faire le reste.

» Je donne le premier labour avec la charrue, comme je fais au printemps pour le froment, et je donne ce labour plus tôt ou plus tard, suivant le besoin de la terre. Je fais le second labour aussi-tôt que les plantes ont assez de hauteur, pour pouvoir être buttées, c’est à dire lorsqu’elles sont à 8 ou 10 pouces. Je renverse autant de terre qu’il est possible auprès des pieds.

» Comme cette plante fait un écart considérable, et qu’elle pousse très vite, on se trouverait dans l’impossibilité de donner plus de deux labours, si on négligeait de profiter du temps où les feuilles et les rameaux ne couvrent pas entièrement la platebande.

» On arrache les pieds dans le mois d’Octobre, plus tôt ou plus tard suivant les années : on se sert d’une fourche de fer très forte pour les ébranler : on détache les tubercules qu’il faut, autant qu’il est possible, laisser ressuier pendant quelques heures : on les enferme de manière qu’ils ne puissent être surpris par la gelée.

» Ce fruit, qui est d’un rapport surprenant, sert utilement pour la nourriture et l’engrais des bestiaux ; on le fait cuire dans l’eau ; il ne lui faut que quelques bouillons. Quand il a été plusieurs mois dans la serre, comme en Janvier ou Février, les animaux le mangent cru ; mais il est préférable étant cuit ».

Dans le tome VI du même ouvrage, publié en 1761, par Duhamel du Monceau, cet agronome fait connaître qu’en 1757, la sécheresse