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134 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

et les grandes chaleurs ont fort endommagé toutes les productions de la terre, et que M. de Villiers ne comptait pas faire de récolte de Pommes de terre. Il ajoute que quelques pluies sont survenues, mais que les Pommes de terre sont restées petites. Duhamel donne ensuite les détails qui suivent.

« M. de Chozanne, Conseiller de la Cour des Aides, qui s’occupe beaucoup d’agriculture dans son domaine près de Briare, plante ses Pommes de terre dans un terrain de sable un peu frais ; il y fait donner deux labours, et fait répandre le fumier au troisième ; il fait jetter les Pommes de terre dans des sillons faits avec la charrue et éloignés de 3 pieds les uns des autres, et il fait mettre chaque Pomme à 7 à 8 pouces de distance dans le sens des sillons ; ensuite on rabat, avec les mains, un peu de la terre du sillon sur les Pommes. Quand les tiges se sont élevées de 6 à 7 pouces, on remplit le sillon avec la charrue ; et il reste un billon au milieu des platebandes : un mois ou six semaines après, on refend ce billon pour remplir les sillons qui le bordaient, et pour rehausser encore les Pommes : il ne faut que trois heures, et quelquefois moins, pour donner ces cultures à un arpent, et avec un seul cheval, car M. de Chozanne employé, pour cet usage, Taraire de Provence, qui est une petite Charrue sans roues. Il a recueilli à raison de 400 boisseaux de Pommes de terre par arpent[1].

» La même culture lui a réussi également pour différents légumes : et l’année qui suit la récolte des Pommes de terre, le terrein qui a été bien fumé pour ces Pommes, donne ensuite du grain en abondance.

» J’exhorte fort les Agriculteurs à ne point négliger la culture de cette plante ; car, outre qu’elle est très utile pour toute espèce de bétail, elle est encore d’une grande ressource dans les années de dizette, pour la nourriture des hommes. Quand on y est une fois accoutumé, elle plaît au goût au moins autant que les navets, surtout si l’on fait cuire ces Pommes avec un peu de lard ou de salé. Il est étonnant de voir la consommation qui s’en fait en Angleterre, en Écosse et en Irlande, ainsi que dans quelques pro-


  1. — Le boisseau ancien équivalant à 13 litres et l’arpent à environ un demi-hectare, le rendement n’aurait produit que 52 hectolitres, soit par hectare 104 hectolitres, ou en poids, 8.320 kilogr.