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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/160

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146 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

des choses qui me feroient trembler, si j’étois réduit à la triste nécessité de ne vivre qu’avec un aliment de cette espèce.

« Il faut, dit l’Auteur (pages 228, 229 et 230 de la seconde partie), râper les Pommes de terre dans de l’eau claire et pure… L’eau devient d’un verdâtre sale : il faut la décanter et en remettre de nouvelle. Cette nouvelle eau, en brassant la farine, se charge encore d’une couleur aussi foncée que la première. Il faut la jeter et en remettre d’autre… Ce n’est qu’au sixième ou au septième lavage que l’eau cesse de se teindre… On conçoit par là que les Pommes de terre jettent beaucoup d’impuretés qui y restent toutes, lorsqu’on suit le procédé de la cuisson… Cette farine ainsi râpée, lavée et séchée, se conserve… Mais elle se corrompt au mois de Mai, devient verte, se pourrit et n’est bonne à rien ».

» Si réellement toutes ces opérations sont nécessaires pour purger la farine que rendent les Pommes de terre de ce qu’elle a d’impur et de dangereux ; si après tant de préparations elle ne se conserve que jusqu’au mois de Mai ; si elle se corrompt alors, devient verte et pourrit, comme l’auteur le certifie, j’infère de là que le principe d’impureté et de putréfaction, qui réside en elle, ne peut être entièrement extirpé, qu’il peut se communiquer à la farine de Froment avec laquelle on le môle, et qu’un aliment ainsi composé ne peut causer dans l’estomac humain que de mauvaises digestions, que des sucs viciés, qu’un chyle impur et grossier : source trop ordinaire de plusieurs maux qui troublent l’économie animale.

» J’adopte d’autant plus volontiers cette opinion, qu’elle est fortifiée par l’autorité de Daniel Lang-haus, célèbre médecin suisse. Voici comment il parle dans un Livre qui a pour titre : L’art de se guérir soi-même, tome 2, page 78, édition de 1768.

« Les Ecrouelles, dit-il, sont communes en Suisse, où le bas peuple se nourrit surtout de Pommes de terre… Je suis persuadé, ajoute cet auteur, que les maladies scrophuleuses, qui régnent dans nos Cantons, ne viennent que de cette mauvaise nourriture, et du défaut d’exercice, et la preuve en est, qu’elles sont extrêmement rares dans le pays où l’on ne connaît point les Pommes de terre ».

» Après toutes ces différentes observations, seroit-il prudent d’admettre au nombre de nos aliments, les Pommes de terre ? Ne devons-nous pas au moins douter de leur prétendue salubrité et en