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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

que pour faciliter la fécondation de la même plante, pour aider, s’il se peut, à la nature. Mais si l’on projette de faire un croisement entre variétés différentes, il convient de prendre certaines précautions qui doivent empêcher la fécondation naturelle de s’effectuer. Il faut alors enlever les étamines sur toutes les fleurs que l’on veut opérer, et cela avant la maturité des anthères, en ayant le grand soin de ne pas blesser le pistil, puis faire disparaître toutes les fleurs de l’inflorescence qui ne sont pas susceptibles d’être utilisées, et, pour plus de sûreté, après l’opération, entourer d’une gaze fine les fleurs artificiellement fécondées. On constatera quelques jours après, le succès de la tentative de croisement, en voyant l’ovaire grossir et se développer ; l’insuccès se fera remarquer au contraire, par le détachement de la fleur de son pédicule.

Tubercules. — Mais la Pomme de terre n’est pas une plante qui ne se reproduit que par ses graines. Elle a un autre mode de propagation dont on a su tirer parti ; c’est qu’elle est apte à former des tubercules souterrains, et il peut arriver que cette faculté lui soit même souvent nécessaire pour arriver de semence à l’état adulte.

Nous avons vu, dans les Chapitres précédents, qu’on avait cru pendant fort longtemps que ces tubercules faisaient partie du système radiculaire de la Pomme de terre, et qu’on ne les désignait que sous le nom de racines. On n’avait pas fait attention que les tubercules naissent sur des filaments particuliers sortant de la partie souterraine de la tige, et qui en dépendent nécessairement. Dans son Histoire naturelle, médicale et économique, parue en 1813, Dunal est le premier qui a signalé ce fait important. « On a coutume, dit-il, de désigner sous le nom de racines, ces tubercules qu’on trouve sous terre au bas de la tige, ou à côté du bas de la tige de deux espèces de Solanum. Ces organes sont différents dans chacune de ces espèces. Dans l’une, le Solanum montanum, ce sont des tubercules assez gros d’où s’élèvent les tiges et d’où naissent les racines ; tubercules qui sont uniques pour chaque tige et qui me paraissent faire partie de celle-ci. Les tubercules souterrains de la Pomme de terre sont d’une consistance charnue, recouverts par une pellicule qui se détache aisément, variant beaucoup de forme, de couleur et de grosseur. Ils sont irrégulièrement bosselés et présentent des cavités dans lesquelles sont logés de véritables bourgeons. Ils diffèrent essentiellement des tubercules du Solanum