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SON HISTOIRE BIOLOGIQUE

plaçai sur une table de marbre, dans une chambre un peu humide, mais aérée et éclairée, un certain nombre de tubercules de Pomme de terre. Je m’absentai pendant deux mois ; à mon retour, au 1er décembre de la même année, je trouvai les tubercules flasques et épuisés, mais ils étaient couverts d’une végétation nouvelle pleine de force et de vigueur. Ce n’étaient pas ces longues tiges étiolées, d’un blanc nacré et à feuilles rudimentaires, longuement distantes, que l’on observe communément vers le soupirail des caves où séjournent des tubercules abandonnés. Ce n’étaient pas non plus des tiges vertes et feuillées, comme celles qui se produisent dans les conditions ordinaires ; c’étaient des tubercules allongés en tiges courtes ou des tiges à demi condensées en tubercules. Quelques-unes de ces productions présentaient l’aspect de bourgeons à axes charnus et à feuilles tantôt rudimentaires, tantôt à limbe foliacé. Dans certains cas, il s’était produit une tige feuillée dont les feuilles présentaient un petit tubercule à leur aisselle. Dans d’autres cas, la production était fusiforme ; épaisse et charnue à la base, elle s’amincissait ensuite en une tige presque normale. Quelquefois la base constituait un tubercule globuleux, puis le même axe se continuait brusquement en tige cylindrique. On voyait encore aussi un même axe alternativement et par étage : globuleux, puis cylindrique, puis globuleux. Cette observation démontre une fois de plus que les tubercules du Solanum tuberosum sont des tiges charnues et raccourcies, dont la partie libre des feuilles est rudimentaire et susceptible de se développer dans des conditions particulières ».

Dans le journal botanique allemand, Flora, de 1885, M. Guembel a fait connaître un mode particulier de formation du tubercule de la Pomme de terre, assez curieux pour être signalé ici. Le tubercule-mère était de la grosseur d’un œuf de poule ; il était fendu transversalement, et dans sa fente était un jeune tubercule de la grosseur d’une noix. En dénudant la base de ce petit tubercule, M. Guembel y avait vu un pédicule qu’il avait suivi à travers le tubercule-mère jusqu’à un œil ou bourgeon, dont une pousse latérale interne avait produit ce phénomène. Ainsi un jet sorti au printemps d’un œil de la Pomme de terre, avait donné des pousses latérales dont une avait pénétré dans la chair du tubercule-mère, s’y était allongée quelque peu, et s’était ensuite renflée en tuber-