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SON HISTOIRE BIOLOGIQUE

pétales en étamines, et cette circonstance me semble donner un intérêt particulier à cette même monstruosité ».

Le Gardener’s Chronicle de 1876 a publié la figure d’une fleur monstrueuse de Pomme de terre, qui était également une fleur décandre, c’est-à-dire dans laquelle la véritable corolle était absente et se trouvait remplacée par un second verticille d’étamines. Ce fait anomal qui avait été observé en Angleterre, y avait, paraît-il, été déjà signalé précédemment.

En mai 1881, M. Carrière exposait à la Société d’Horticulture de France les résultats suivants d’une expérience qu’il avait faite sur des tubercules de Pommes de terre. Il avait pris, le 4 mars, de gros tubercules appartenant à quatorze variétés différentes, jaunes, violettes ou rouges. Non seulement il avait pelé ces tubercules, mais encore il en avait enlevé une couche superficielle épaisse de 4 à 10 millimètres. Là où il semblait pouvoir exister des rudiments de bourgeons, il les avait évidés en creusant. Enfin les tubercules ainsi préparés avaient été coupés en morceaux. Placés dans une cave, la plupart de ces morceaux avaient séché ; mais sur certains il s’était produit un bourgeon et une pousse qui, dans quelques cas, étaient partis du centre même du tubercule. M. Carrière concluait de ce fait remarquable que, partout où il existe une cellule végétale vivante, cette cellule peut prendre une vie énergique, se multiplier par division et devenir un foyer de développement. Il est difficile de s’expliquer la formation de bourgeons sur les cellules de la moelle du tubercule ; on comprendrait mieux le rôle que pourraient jouer dans cette production les cellules de l’écorce interne.

M. Devaux a fait connaître, en 1891, à la Société botanique de France[1], les observations qu’il avait pu faire sur une hypertrophie des lenticelles de la Pomme de terre. « La surface du tubercule de la Pomme de terre, dit-il, possède normalement des lenticelles assez nombreuses. J’ai pu m’assurer, par l’étude anatomique et par des essais de porosité totale, que ces lenticelles sont ouvertes et amènent l’air libre aux tissus internes. J’ai, reconnu, d’autre part, que ces lenticelles prennent un grand développement lorsque

  1. Bulletin, t. XXXVIII (1891).