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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

l’air extérieur est humide, surtout si cet air est chaud. Quand, au contraire, on plonge un tubercule en entier dans l’eau, il ne tarde pas à être asphyxié ; c’est que dans ces conditions la pression des gaz internes diminue, et l’eau pénétrant par les lenticelles injecte en partie les tissus. Il est possible cependant de faire vivre un tubercule de Pomme de terre dans l’eau, à la condition de ne le plonger qu’incomplètement dans ce liquide. Mais c’est alors que les lenticelles prennent un développement très considérable. Cette hypertrophie des lenticelles débute par un gonflement en forme de cône surbaissé, correspondant à chacune d’elles. Bientôt le sommet s’entrouvre visiblement et le tissu blanc sous-jacent commence à paraître. Les crevasses s’élargissent de plus en plus, et bientôt toute la partie submergée du tubercule se trouve hérissée de lenticelles énormes, ayant plus de 5 millimètres de diamètre et qui lui donnent l’aspect d’un tissu éclaté partiellement sous une forte pression interne. Chaque lenticelle a un aspect d’un blanc brillant, dû à ce que de l’air est retenu entre les éléments cellulaires et que la lumière produit alors le phénomène de réflexion totale. L’hypertrophie augmente souvent beaucoup, de longues crevasses partent de certaines lenticelles et vont rejoindre les autres, de sorte que bientôt la peau ne forme plus que des lambeaux séparés, en forme d’îlots ; ces lambeaux se soulèvent du reste par leurs bords et peuvent même se détacher. Alors le tubercule a perdu son enveloppe normale dans ces régions. Ces modifications paraissent mieux se produire à la lumière. Nulles ou très lentes à basse température, elles sont rapides entre 20 et 30 degrés ».

Le même observateur avait fait, en 1890, une intéressante remarque sur la température dégagée par un amas considérable de tubercules de Pommes de terre en germination[1]. Il avait pu constater que, dans le haut de ce tas de Pommes de terre, la température était de 39 degrés centigrades, alors que l’air extérieur n’était que de 18 à 19 degrés, et que la partie inférieure du tas ne dépassait pas 20 degrés.

Nous avons vu plus haut que, dans la Pomme de terre, les bour-

  1. Bulletin de la Société botanique de France, t. XXXVII (1890).