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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/249

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SON HISTOIRE BIOLOGIQUE

geons de la partie supérieure des tubercules étaient plus aptes à reproduire la plante que ceux de la partie inférieure, voisine de leur point d’attache. M. Prunet, en 1892, a communiqué à l’Académie des sciences[1] les résultats d’une analyse physiologique qu’il avait faites sur des tubercules de trois variétés de Pommes de terre. M. Prunet déclare n’avoir trouvé, avant la germination, presque ni sucre, ni diastase ; mais lorsque les tubercules germent, le sucre et la diastase apparaissent d’abord dans les moitiés antérieures, ainsi que les éléments azotés, et cette proportion se maintient toujours en faveur de ces moitiés, comparativement à ce que l’analyse décèle dans les moitiés postérieures. Toutefois, si l’on supprime les bourgeons du sommet des tubercules, les principes immédiats et les substances minérales émigrent vers les bourgeons postérieurs. Il y a donc toujours une relation étroite entre les éléments nutritifs et l’aptitude des bourgeons au développement.

En 1893, M. Prillieux présentait à la Société botanique de France des tubercules de Pommes de terre dans l’intérieur desquels s’étaient formés de nouveaux tubercules. Pour expliquer cette anomalie, il disait que M. Schribaux avait proposé, pour empêcher de germer les Pommes de terre destinées à l’alimentation, de les tremper dans de l’eau contenant 1,5 pour 100 d’acide sulfurique. Cette solution corrosive, sans nuire aux tubercules, en détruit fort bien les germes, ce qui a été prouvé par des essais faits sur diverses variétés, la Saucisse, la Quarantaine de la Halle, le Magnum bonum, etc., qui peuvent être ainsi conservées bonnes pour l’alimentation pendant l’été. M. Prillieux ajoutait que sur les tubercules de la variété Richter’s Imperator, la destruction des yeux avait été incomplète ; il s’était alors formé à leur base des bourgeons qui s’étaient développés en pénétrant à l’intérieur du tubercule-mère et y formant de nouveaux tubercules. Nous pensons que la destruction des bourgeons externes n’avait pas atteint les rudiments des bourgeons internes, protégés par la peau des tubercules et que ce sont des bourgeons internes qui se sont développés de si singulière façon. M. Duchartre était d’avis que la partie centrale et

  1. Comptes rendus (1892, 1er semestre).