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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/280

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

d’un parasite véritable, dont l’action vitale pouvait être à redouter.

Du reste, en 1846. Payen avait déjà dit, à la Société royale d’agriculture, en parlant de la maladie spéciale des Pommes de terre de 1845, que les effets bien étudiés de la maladie avaient consisté dans l’invasion d’une substance rousse, ayant une composition semblable à celle des Cryptogames microscopiques, laquelle ne pouvait être autre que cette même substance muqueuse parasitaire. Decaisne, de son côté, avait également signalé, à propos de cette même maladie, une substance brune granuleuse, qui agglutinait fortement les cellules des tubercules et les pénétrait de manière à envelopper chacun des grains de fécule, sans néanmoins faire subir à cette dernière la plus légère altération.

En 1892, MM. Viala et Sauvageau avaient trouvé dans les tissus foliaires desséchés de Vignes malades, un Champignon muqueux ou Myxomycète, constitué par un simple mucus qui avaient envahi ces tissus. Ils le considéraient comme une espèce nouvelle du genre Plasmodiophora, créé par M. Woronine pour un parasite du Chou. Leur Plasmodiophora Vitis avait, d’après eux, la faculté de traverser les membranes des cellules et d’en absorber le contenu.

En 1894 et 1895, M. Debray étudia avec soin ce parasite sur des végétaux vivants : il en constata la présence dans la Vigne, puis dans 70 espèces de plantes très diverses, et même dans des feuilles de Pommes de terre ; il le reconnut comme apte à vivre à l’état de mucus (ce qu’on appelle plasmode en Mycologie), ou bien à former des kystes, pour sa conservation, c’est-à-dire à condenser et à concréter son mucus végétatif sous des aspects divers. Il créa un genre nouveau pour ce Myxomycète qui prit alors le nom de Pseudocommis Vitis. Quant à la maladie que caractérisent les effets parasitaires de ce Champignon muqueux, elle s’appela la Maladie de la Brunissure.

Instruit par ces travaux préliminaires sur un parasite si singulier, d’une simplicité d’organisation telle que de très bons observateurs se refusaient à voir en lui un véritable organisme, nous fûmes tout de suite frappé des relations étroites qui existaient entre le contenu muqueux des taches roussâtres, éparses dans la chair de nos Pommes de terre malades et ce Pseudocommis Vitis. Nous avons cultivé, sous cloche humide, des tubercules affectés de cette maladie, et le développement des germes ne tarda pas à nous