« Au début, le tubercule a encore bonne apparence ; mais si on le coupe, on constate qu’il n’a pas sa fermeté habituelle… Après la cuisson, il reste aqueux et dénote une saveur rance qui laisse dans le gosier une certaine sensation d’astringence… À sa seconde période, le tubercule se trouve dans un état que j’appellerai fermentescible : il présente alors de petites taches sur la pelure, qui paraissent molles sous la pression ; mais parfois on n’y constate à l’extérieur rien de visible. Si on le coupe, il présente une bordure jaunâtre, brune ou noire près de la pelure, la partie centrale n’étant pas encore altérée. La troisième période de la maladie se montre lorsque la pelure est devenue molle et humide : l’intérieur du tubercule est alors pâteux et rempli d’une sorte de bouillie fluide qui exhale une odeur des plus fétides.
» La cause de cette maladie doit être attribuée à une sorte d’épidémie atmosphérique, activée par la chaleur et l’humidité, et attaquant aussi bien les plus délicates variétés de Pommes de terre, que celles provenant de semence malade ou qui ont été mal cultivées, ou enfin qui se trouvent soumises à certaines circonstances défavorables pour leur développement ou leur conservation.
» Le plus souvent, cette maladie arrive inopinément, attaquant et détruisant les Pommes de terre dans tous les champs d’une même région, et cela dans l’espace de quelques jours. Les racines et les tubercules sont d’abord atteints, et immédiatement l’affection progresse à ce point que toute la plante devient malade, les tiges jaunissent et les feuilles se fanent et se crispent… »
Bien que l’auteur de ce mémoire ne parle pas de l’état maladif des tiges et des feuilles, il nous semble assez bien établi, d’après ce document, qui relate la perte entière de certaines récoltes, que la maladie des Pommes de terre existait, aux États-Unis, en 1843, et qu’elle y sévissait encore en 1844. Il est à présumer que des tubercules malades en avaient été transportés en Europe, dans ces années mêmes, car le Champignon parasite, encore inconnu comme en étant la cause, y a fait son apparition en 1844. Voici, en effet, ce que publiait à Lille, dans l’Écho du Nord, le 26 septembre 1845, un savant botaniste, Desmazières, qui étudiait tout spécialement les Champignons microscopiques. L’article était intitulé : Sur la Maladie de la Pomme de terre, et mentionnait qu’en 1844,