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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

pignons, agents de décomposition des tissus altérés, peuvent beaucoup plus visiblement manifester leur apparition sur les parties malades ou atrophiées. Ceci explique jusqu’à un certain point pourquoi l’idée du parasitisme du Botrytis a pu être, en 1845, presque rejetée par de très bons esprits qui ne l’envisageant alors que comme une suite, un effet de la maladie, se sont considérés comme autorisés à croire qu’on se trouvait en face d’une affection spéciale, bien caractérisée, sans cause appréciable, mais résultant des influences météoriques ou d’une dégénérescence de la plante soumise à une culture trop intensive.

Quoi qu’il en soit, Payen, entre autres savants, se montra partisan du parasitisme plutôt que d’une maladie particulière de la Pomme de terre. En 1845, il entretint plusieurs fois l’Académie des sciences de ses recherches à ce sujet. « Une végétation cryptogamique toute spéciale, disait-il le 15 Septembre 1845, se propageant des tiges aériennes aux tubercules, en est l’origine. Le Champignon microscopique dont les sporules ont suivi le liquide infiltré autour des parties corticales surtout et de l’axe quelquefois, se développe dans les cellules en filaments anastomosés qui s’emparent de la substance organique quaternaire et oléiforme, s’appuyant sur la fécule qu’ils enferment dans leurs mailles. Traversant d’ailleurs les méats intercellulaires d’une cellule à l’autre, ils s’entrecroisent et rendent solidaires les parties du tissu qu’ils remplissent ; ils les retiennent consistants malgré la cuisson dans l’eau à la température de 100°. Les prolongements byssoïdes dirigés vers la périphérie vont au travers des parois des cellules attaquer toutes les matières assimilables qu’elles renferment, azotées, huileuses et amylacées ; la fécule graduellement désagrégée, dissoute et absorbée, présente une série d’altérations rapides et nouvelles dans l’histoire de ce principe immédiat. À l’ensemble de ces faits, on reconnaît donc l’action d’une énorme végétation parasite qui s’empare d’une portion des tissus vivaces de la Pomme de terre, se logeant dans les uns, puisant dans les autres toutes les substances assimilables qu’ils renferment ».

Le 22 Septembre 1845, Payen faisait connaître à l’Académie les résultats d’une expérience assez singulière. « Dix tubercules attaqués, disait-il, furent rangés sur un plateau autour de deux tubercules sains, d’une autre variété, dont un était coupé par un plan