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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/317

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

les arguments qui lui semblaient être des preuves indiscutables de l’existence seule de la maladie, en dehors de tout parasite. Profitant habilement de la faiblesse des assertions expérimentales de ses adversaires, et surtout de l’ignorance où l’on était alors de la biologie du parasite, il réussit même à ébranler les convictions des premiers partisans du parasitisme. Il en résulta que l’idée contraire à la vérité des faits devint prédominante et qu’on s’y rallia généralement, si bien que la question du parasitisme resta comme une de ces vues de l’esprit, une simple hypothèse sans valeur et sans fondements.

« Il faut le reconnaître aujourd’hui, dit Decaisne en terminant, l’opinion de M. Morren, qui a tant contribué à jeter l’alarme parmi les populations, repose sur une erreur d’observation, et les raisonnements les plus subtils n’empêcheront pas que M. Morren, en persévérant dans son hypothèse, ne se trouve complètement isolé… ».

Or, cet isolement ne résulta pas seulement du silence des partisans de l’opinion de Morren, cette opinion fut publiquement abandonnée par eux, et nous en trouvons la preuve dans les extraits suivants de la Revue botanique de Duchartre (1845).

À propos du Rapport fait par une Commission au Conseil central de salubrité publique de Bruxelles, Duchartre avait déjà dit : « Nous ne nous occuperons que de l’opinion propre à la Commission dont M. Dieudonné a été l’organe, et nous laisserons de côté la discussion à laquelle celui-ci se livre pour combattre surtout l’opinion qui consiste à attribuer la Maladie des Pommes de terre à l’action contagieuse et destructive de Champignons parasites, de Botrytis, opinion qui a été d’abord émise en Belgique par le Dr Van Oye, de Thourout, dans un article publié par le Journal L’Organe des Flandres, par Mlle Libert, de Malmédy, et qui a été développée et soutenue proprement par M. Morren, de Liège ».

Mais Duchartre citait plus loin la lettre suivante : « Vous m’avez demandé, lui écrivait Montagne, quelle était mon opinion touchant l’étiologie de cette affection morbide qui attaque la Pomme de terre, et sur laquelle tant de savants ont déjà écrit. Si vous vous rappeliez ma réponse à l’interpellation qui fut faite par notre honorable Président, M. Milne Edwards, après la lecture de ma courte communication à la Société philomathique, le 31 Août dernier, la pré-