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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/346

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

» Le Peronospora détermine immédiatement la maladie des tubercules aussi bien que celle des fanes, et cette supposition est parfaitement prouvée par l’expérience. Quand on sème le Peronospora sur un tubercule sain, on voit les germes du parasite pénétrer dans les cellules superficielles, se répandre dans le parenchyme périphérique, et produire les mêmes altérations qu’on observe sur les tubercules retirés du sol d’un champ…

» Comment le mycélium du parasite peut-il parvenir aux tubercules dans les cultures ordinaires de la Pomme de terre ? Il n’y a pas de doute que cela peut avoir lieu à l’aide des sporanges. Quand on place des tubercules sains dans du terreau, à une profondeur de 1 à 2 centimètres ou de 1 décimètre et davantage, et quand on sème des conidies du Peronospora à la surface du terreau arrosé de temps en temps, on voit, au bout de 8 à 10 jours, les tubercules atteints de la maladie. Celle-ci commence dans le tubercule du côté qui est tourné vers le sol. Elle offre tous les symptômes qui viennent d’être exposés. Il n’est pas nécessaire, dans ces expériences, d’humecter le terreau excessivement ; un arrosement modéré suffit. Quand on examine le terreau qui sert à l’expérience, ou le sol d’un champ dont les fanes sont envahies par le Peronospora, on trouve aisément les conidies à une profondeur considérable. Ces faits prouvent donc que les conidies sont amenées aux tubercules par l’eau qui pénètre dans le sol, que ce liquide détermine le développement des spores et des germes dans le sol même, et que ceux-ci envahissent les tubercules pour y produire les altérations connues ».

Il pouvait sembler, après la lecture de cette savante description de la Maladie, que son histoire était bien connue. Mais un nouveau débat devait surgir peu d’années après, au sujet des spores dormantes ou fructifications conservatrices du germe du Peronospora, que De Bary n’avait pas signalées sur le P. infestans, alors qu’il les avait, après Tulasne, observées sur presque toutes les espèces des Péronosporées. Le 22 Juillet 1875, dans le Journal Nature, M. Worthington Smith publiait une Note de laquelle il résultait qu’il avait réussi à découvrir ces spores dormantes, dans des tissus de la Pomme de terre altérés par la Maladie et conservés en macération pendant une année entière. Plusieurs mycologues anglais avaient répété les expériences de M. Worthington Smith et avaient